Elle voudrait aussi mettre fin à un malentendu tenace : Créole languide au « style inquiet » pour le dire comme les Goncourt, Chassériau se résumerait au double héritage d’Ingres, dont il fut très tôt l’élève, et de Delacroix, qu’il aurait « détroussé » à partir de 1845. Or, ne voir en lui que le docile réconciliateur de la ligne et de la couleur, de la belle forme et du drame, du calme idéal et du choc des passions, c’est faire fausse route. En rejetant sans tarder l’ingrisme de ses débuts, Chassériau n’a aucunement cherché à singer Delacroix au-delà des thèmes qu’ils partageaient. Si influences il y eut, elles s’ajoutèrent à bien d’autres, des primitifs italiens au réalisme espagnol remis en valeur par le Louvre de Louis-Philippe : l’art et l’univers si singuliers de Chassériau ne s’y laissent pas enfermer.
© Réunion des musées nationaux - Galeries nationales du Grand Palais